Crise diplomatique au Sahel : l'abattage d'un drone malien par l'Algérie déclenche une vague de protestations

La destruction d'un drone militaire malien par l'Algérie fin mars 2025 a provoqué une onde de choc diplomatique et sociale qui continue de secouer la région sahélienne. Le week-end des 11-12 avril 2025, des milliers de manifestants selon West Africa Weekly ont investi les rues de plusieurs villes maliennes et même de Paris pour exprimer leur indignation face à ce qu'ils considèrent comme "une agression barbare et inhumaine du régime algérien".

L'incident s'est produit alors qu'un drone malien effectuait une mission de reconnaissance près de la frontière algérienne. D'après les autorités maliennes citées par Assahifa, l'appareil avait repéré une réunion "d'éléments terroristes de haut niveau" avant d'être abattu. Les débris ont été retrouvés à seulement 9,5 kilomètres de la frontière algérienne, contredisant la version d'Alger qui affirmait que l'engin avait pénétré de deux kilomètres dans son espace aérien.

La réaction d'Alger ne s'est pas fait attendre : selon la BBC, le pays a fermé son espace aérien à tous les vols maliens dès le 7 avril. En réponse, l'Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a rappelé ses ambassadeurs d'Algérie. Dans un communiqué commun, l'AES a qualifié la destruction du drone d'"acte hostile prémédité... en opposition aux relations historiques et fraternelles entre les peuples de l'AES et le peuple algérien."

Cette crise s'inscrit dans un contexte déjà tendu. En janvier 2025, comme le rapporte Hespress, le Mali avait accusé son voisin du nord d'ingérence dans ses affaires intérieures et de complicité avec des groupes terroristes, notamment en accueillant Iyad Ag Ghali, chef du groupe djihadiste JNIM lié à Al-Qaïda.

La situation se complexifie davantage avec l'émergence d'une crise parallèle entre l'Algérie et la France. Selon Reuters, Alger a vivement protesté contre la détention d'un de ses agents consulaires en France, soupçonné d'implication dans l'enlèvement d'un influenceur critique du régime algérien.

Les manifestations qui se sont déroulées à travers le Mali témoignent de l'ampleur de la crise. À Bamako, rapporte Bamada, le Centre International de Conférence était comble. À Gao, une foule imposante s'est massée devant le consulat algérien. La diaspora malienne de Paris s'est également mobilisée, dénonçant "des années d'ingérence et de duplicité algérienne dans le Sahel."

Cette escalade des tensions révèle la fragilité des équilibres régionaux et met en lumière les enjeux complexes de la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélienne, où les accusations mutuelles d'ingérence et de soutien aux groupes armés continuent d'alimenter les divisions entre pays voisins.